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L’eau de l’Isère qui prend sa source à Val d’Isère est généralement claire. Le 28 août dernier c’est un torrent comme « du chocolat fondu » qui a ruisselé abondamment dans le lit de la rivière. C’est la forte teneur en oxyde de fer des moraines schisteuses emportées par l’écoulement d’eau qui a donné la coloration « chocolat » au ruisseau lors de la crue. Une coulée de boue qui avait pris sa source au pied du glacier de la Galise. L’ONF et le Service départemental RTM de la Savoie ont mené une étude sur les origines de cette coulée. C’est un bouchon de glace situé au pied du glacier de la Galise à 2900 mètres d’altitude qui a cédé. Cet orifice de glace était connecté à une cavité subglaciaire de 23 m de long, 16 m de large et 6 m de haut, elle-même reliée au nouveau lac périglaciaire de la Galise. Cette cavité était inondée sur 2,5 à 3 m de haut avant la débâcle, pour un volume d’eau de 800 m3. En cédant, elle a libéré ce volume ainsi que la partie haute d’eau du lac périglaciaire, communiquant par le dessus à cette poche, estimée à 6100 m3. La déferlante s’est ensuite déversée sur un terrain sans cheminement d’écoulement provoquant un intense ravinement dans les éboulis. La moraine a été localement emportée jusqu’au substratum, formant par endroit des talus de près de 20 m de haut. L’été très chaud a fragilisé la paroi de glace qui a cédé. Le rehaussement généralisé des températures explique aussi ce phénomène. Les glaces fondent irrémédiablement à une vitesse frénétique. Le mur de glace retenant la poche d’eau s’est, au fur et à mesure du temps, réduit jusqu’à sa rupture brusque et brutale. La réduction des glaces dans la région avaline est une évidence. La crue soudaine, par beau temps, du ruisseau du Niolet le 28 août dernier a mis en évidence un phénomène, certes relativement rare dans les Alpes, mais très révélateur du réchauffement climatique en cours. La fonte accélérée du glacier de la Galise ces dernières années a engendré un lac périglaciaire de plus en plus volumineux, dont le verrou de glace a cédé cet été, sous une pression hydrostatique d’environ 3 t/m2. Cette débâcle glaciaire a provoqué très rapidement un débit de pointe de 15 à 20 m3/s sur une pente morainique sans lit torrentiel préexistant. L’écoulement a emporté par ravinement environ 20 000 m3 de matériaux qui se sont déposés sur un replat à 2700 m. La crue, essentiellement liquide, a ensuite suivi le lit du Niolet jusqu’à sa confluence avec l’Isère, alimentée par la vidange du lac représentant au total 7000 m3 d’eau. Compte tenu des zones de décantation des matériaux et de l’éloignement des enjeux, cette crue n’a pas entraîné d’autres dégâts que l’arrêt de la pico-centrale du refuge de Prariond.
On retiendra de cet événement que la menace de rupture de poches identiques sous les glaciers devient une réalité en montagne. Le réchauffement climatique engendre ce type de phénomènes que le froid empêchait auparavant. La réduction des glaciers dans notre région en est la preuve. Les aînés de Val rappellent à ce titre que les tailles des glaciers comme celui de la Tsanteleina ou du Pisaillas n’ont plus rien à voir aujourd’hui avec celles constatées il y a seulement 30 ans. Situé à 2900 mètres d’altitude, le glacier de la Galise n’y résistera pas. Sa surface est passée de 60 000 m2 à 10 000 m2 entre 1989 et 2006. En 2015, il ne dépasse pas les 1000 m2. A cette vitesse, il devrait donc avoir complètement disparu dans les 3 ans. (Notre photo : la cavité qui a cédé)