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Le moniteur avalin devenu célèbre par son « planter du bâton » dans le film « Les bronzés font du ski » n'est plus. Fernand Bonnevie, le doyen de Val d'Isère, a rendu son dernier soupir cette nuit dans sa maison de Val et entouré par sa famille. Cet avalin de 98 ans a marqué l'histoire de son village parce qu'il fut l'un des premiers moniteurs de ski de Val d'Isère et que sa notoriété dépassait largement les frontières françaises. « J'ai reçu, il n'y a pas si longtemps, une carte postale du Japon pour le Planter du Bâton » nous confiait-il il y a 3 ans. Fernand était un personnage haut en couleur. Son phrasé chantant mâtiné de l'accent local, son amour pour les discussions et ses récits d'histoires du village en faisait un personnage très attachant que les avalins adoraient côtoyer. Des histoires, il en connaissait, de celles « qu 'on raconte mais de celles que je raconterai pas » nous disait-il montrant par là qu'il était au cœur de la vie de son village. Né au Fornet en 1915, il ne quitta jamais Val d'Isère. Il avait vécu toute la genèse de ce petit village devenu station. Fernand avait connu l'époque où les animaux de la ferme vivaient à l'intérieur des maisons avec les hommes afin de profiter de la chaleur qu'ils dégageaient pendant l'hiver. « On fabriquait le pain avant le début de l'hiver et en fin d'hiver, il était devenu dur comme du bois. Mais, trempé dans l'eau, il fallait bien le manger. Et puis on se servait des bouses de vaches pour faire du feu ». Très vite, Fernand se marie, fait 5 beaux enfants, et obtient l'une des premières médailles de moniteur local exerçant son métier avec ses amis de l'époque dans l'école qui deviendra plus tard l'ESF. « Être moniteur à l'époque, c'était pas comme maintenant ! Il suffisait de savoir skier et connaître la montagne ! Et puis on gardait nos clients pendant des années ». Fernand était devenu une référence en matière de qualité d'enseignement et d'accompagnement. Mais pour lui, loin du plaisir de participer au développement de la station, l'essentiel n'était pas là : « La plus belle invention de l'homme aura été la machine à laver. J'ai vu les femmes aller en plein hiver au lavoir pour laver le linge et ça, c'était terrible ! ». Puis, en 1979, Fernand connaît une célébrité inattendue. « On m'a demandé de tourner dans un film mais jamais j'aurai jamais pensé qu'autant de monde aurait pu voir ce film et que, surtout, j’intéresse autant de monde ! On m'écrit de partout, c'est incroyable !» disait-il, sans tirer aucune fierté de son jeu d'acteur qui a marqué ce film : « Mais, j'ai fait dans le film ce que je faisais tous les jours sur les pistes ! ». Retraite tardive à 80 ans. Il n'y a pas si longtemps, les avalins voyaient encore Fernand au volant de sa fourgonnette pour aller s'occuper de son jardin à la Daille. Très entouré par sa famille, les services d'aides à domicile ont aussi effectué un gros travail d'accompagnement envers Fernand lors de sa fin de vie. Aujourd'hui, le « Planter du Bâton » ne procurera plus le même rire dans le cœur des avalins. Il leur manquera désormais cette voix un peu éraillée d'un homme qui était un des symboles vivant de l'histoire de Val d'Isère. Ceux qui ont eu la chance de côtoyer ce grand père souriant et avenant n’oublieront jamais son œil pétillant et son supplément d'âme propre aux êtres humains qui creusent le sillon afin de montrer le chemin de la vie.